lundi 4 février 2013

The Neighborhood - par Audrey Teichmann



« Venez vivre au lotissement Neighborhood ! Qualité et diversité de l’habitat, larges avenues,
nul besoin de barrières car tous ses habitants sont du même acabit. Un camion passe parfois
par ses rues, mais son goût pour la chasse humaine l’éloigne bien souvent du hameau.
Les noms des demeures sont à l’image de leurs occupants : elles vous diront quelque
chose… Amityville, Halloween, Bad taste, Massacre à la tronçonneuse, Evil Dead, un parfum
d’horreur vintage hante cette cité idéale ! »

L’immobilier comme promesse d’un cadre de vie accompli et le danger lié au voisinage sont les deux
axes de ce travail en forme de maquettes d’architectures. La représentation, dans tout le lotissement,
de maisons tirées de films d’horreur des années soixante-dix et quatre-vingts et du camion de
Duel, le tout annoncé par un panneau inspiré du motel de Psychose, conduit à une conception
cynique du bien-être de ces banlieues middle-class… Le seul accès à la propriété possible est
l’achat d’une maison de cauchemar. La maison du film de genre incitera-t-elle ses nouveaux occupants
au carnage ? L’habitat sanguinaire peut-il rendre fou ?

De cette utopie à l’envers montent également les relents des formes d’habitat communautaire
prédites en leur temps comme révolutionnaires : cités idéales de la révolution industrielle, rues-dortoirs
et villes d’entreprises aux déclinaisons contemporaines plus artificielles que jamais - le vaste
village Google… La remise en question des habitudes-symptômes des populations rangées par
catégories de classe ou, ici, d’habitat, comme chez Mike Kelley, pousse à ce constat : méfions-nous.
Sous l’apparente sérénité des volumes, sous la norme de l’habitat, existe un parfum de massacre,
moins extrême certes que dans ce village barbare, mais source de ravages psychologiques et comportementaux.

« Neighborhood ! Le lotissement où on s’arrache les maisons ! »

Texte : Audrey Teichmann